Toit de fer
Murs de verre
Une chambre
O? ?a flambe
* * *
— Houp ! Houp ! Houp ! Houppette !
Par la barbichette
De ma tante Huguette
Ta danse me pla?t !
Ma fi?re Blanchette,
Sors de ta cachette,
Donne—moi ton lait !
* * *
Je suis noire au—dedans,
Mais ce qui sort de moi
Est blanc le plus souvent
Et c’est tout rouge en bas.
* * *
Je vais de maison en maison,
Parfois large, parfois ?troit,
Qu’il fasse chaud, qu’il fasse froid,
Jour et nuit, en toute saison.
Mais d?plorez mon triste sort
Car je reste toujours dehors.
* * *
Au printemps, je prends ma belle parure ;
En ?t?, je mets plus d’habits encor ;
En automne, j’?te mes habits d’or ;
En hiver, je suis nu dans la froidure.
* * *
Tout en moi est malsain
Je fais pleurer les yeux,
Je mets la gorge en feu,
J’empeste les voisins.
* * *
Petits grains de soleil,
Verts, jaunes, noirs, vermeils,
Petits grains de ros?e,
Lisses, ronds, iris?s,
Je vous cueille et je touche
La joie du jour naissant,
Je vous mange et je sens
Le soleil en ma bouche.
* * *
Des dents sans manger
Mais pas sans danger.
* * *
Un pouce et quatre doigts
Ni chair n’est l?
Ni sang n’y bat.
* * *
Je compte le temps grain par grain.
Il passe.
Il n’en reste rien.
* * *
Longues pattes long cou long bec et
longues ailes
Voyageuse au long cours
Si court le temps d’?t? ?
Strasbourg mes
amours
L’hiver est long sans elle
* * *
Plus on en retire
Plus on le voit grandir.
* * *
P?le, p?lot, poli, placide est mon visage.
Il est environn? d’?tincelles de feu.
Solitaire, la nuit, il attire les yeux.
Le jour le rend blafard, le grand soleil l’outrage.
Parfois, je diminue, et, tout maigre, je suis
Un croissant tremp? dans le caf? de la nuit.
* * *
Qu’est—ce qui a des dents
Sans nous mordre pourtant ?
* * *
Une chose que l’on peut voir,
Qu’on ne peut prendre ni toucher,
Courte ? midi, longue le soir,
L’hiver perdue, l’?t? cherch?e,
Fid?le, chacun a la sienne,
Tu ne peux marcher sur la tienne.
* * *
C’est moi qui suis ta conqu?te
Lorsque tu hoches la t?te
Et que tu ris
Dans la prairie.
Au pas, au trot, au galop,
Mon c?ur bat sous tes sabots.
Emporte—moi
Loin avec toi.
Tu agites ta crini?re,
Puis tu sautes la rivi?re.
Pour moi tu es
La libert?.
* * *
O? force, rage, ni violence
Ne sont parvenues ? passer,
Je fais un tour, et c’est assez
Pour triompher avec aisance.
Tant de gens seraient ? la rue
S’ils m’avaient perdue !
* * *
Mon premier se maintient toujours droit
sous un point ;
Mon deuxi?me se trouve en regardant la
fin ; Et mon tout
Ouvre la nuit ses yeux pour regarder les
choux,
Les bijoux, les genoux, les cailloux, les
joujoux
Et les poux.